La corruption est un problème qui sévit partout dans le monde et ne fait pas de distinction de statut social. Chaque domaine peut être impliqué dans une affaire de corruption, et peut être mis en jeu de l’argent ou des biens matériels. Dans son déroulement, elle sert à obtenir des services ou accélérer une requête pour pouvoir surpasser le cours normal d’un quelconque processus ou autoriser une action juridiquement ou moralement illégale. En terme clair et concis, il s’agit de soudoyer une personne ou un groupe de personne pour parvenir à des fins parfois immorales ou pour éviter une dénonciation.

Cet article se penchera surtout sur la corruption à Madagascar et les dégâts considérable que cela provoque sur l’économie et la sécurité intérieure du pays, ainsi que les répercussions sur la vie quotidienne des Malgaches.

Même si la grande île ne connait pas de guerre ni de quelconque conflit avec d’autres pays, c’est cette corruption dévastatrice qui est un des facteurs majeurs causant la pauvreté extrême du pays. En effet, selon Radio France Internationale (RFI), après une étude menée par Transparency International et la notation de sept organismes internationaux, Madagascar est  classé 147ème sur 180 pays en 2022 sur l’indice de la perception de la corruption.

Dans le quotidien des Malgaches, la corruption est devenue monnaie courante et ce à tous les niveaux. Le penchant pour la mauvaise habitude est la conséquence d’un besoin qui n’est plus satisfait par le simple fait de travailler; d’un autre côté, beaucoup sont ceux dont le salaire normal ne peut plus couvrir les dépenses quotidiennes. Pour ceux qui gagnent leur vie convenablement, la corruption est devenue un surplus pour pouvoir s’offrir des biens matériels luxueux ou pour arrondir les fins de mois. Et enfin, pour les plus aisés, la corruption est un moyen d’exercer une pression sur les pauvres et la classe moyenne, mais aussi pour assouvir leur besoin de luxure.

En observant de près les actes de corruption qui sévissent dans le pays, et pour pouvoir en tirer les causes profondes hormis la pauvreté en générale, on peut constater que les déroulements sont diversifiés, dépendant de la classe sociale de la personne.

En commençant par les plus démunis, car même avec ces personnes que l’on imagine dans le besoin constant, elles peuvent pratiquer l’acte de corruption pour obtenir un peu de privilège. Par exemple, dans le pays, l’accès à l’eau potable reste encore un luxe pour une grande partie de la population, et les plus démunis font la queue dès l’aube devant les pompes publiques soit pour leur propre consommation, soit parce qu’ils sont envoyés par quelqu’un qui ne peut ou ne veut pas faire la queue. Quand on sillonne les rues des villes à Madagascar, c’est un fait quotidien de voir de longues files parfois sur des centaines de mètres devant les pompes à eau publique. Voulant éviter cette longue attente qui peut parfois prendre une demi-journée, il n’est pas rare de voir une personne soudoyer le responsable de la distribution d’eau avec de petites monnaies pour gagner quelques places ou pour être directement servie sans attendre.

Pour la classe moyenne, nombreuses sont les raisons qui peuvent pousser à corrompre. Les actions sont surtout observées dans les bureaux administratifs de par la lenteur des processus pour obtenir quelconque demande. Les personnes qui travaillent dans le domaine administratif aussi, dont la majorité fait partie de la classe moyenne, ont perdu toute éthique pour leur travail et parfois, font exprès de ne pas réaliser correctement leur tâche afin de pouvoir soutirer de l’argent à ceux qui ont besoin de leur service.

Dans le domaine médical, nombreux sont les hôpitaux ou dispensaires qui accordent la priorité à ceux qui peuvent payer, ce qui conduit parfois à une complication voire au décès des personnes qui ne peuvent pas donner de l’argent. Toujours dans ce domaine, certains médecins ou infirmiers ou sages-femmes prennent un pot de vin pour exécuter des actes immoraux et illégaux comme l’avortement et procurent des médicaments sans ordonnance qui peuvent être dangereux pour le patient.

Dans la haute sphère des personnes aisées, la corruption est omniprésente et influe beaucoup mauvaisement la vie de la population. C’est surtout dans la politique que différents scandales sur la corruption des hauts responsables éclatent. Il n’est pas rare de lire dans les journaux ou dans les actualités locaux des personnes haut placées, impliquées dans des affaires de détournement et des trafiques en tout genre. De même envergure, il y a la corruption des forces de l’ordre, qui non seulement acceptent les formes de corruption de leur supérieur hiérarchique, mais aussi du simple citoyen.  Sur les routes par exemple, on peut facilement éviter les problèmes peu importe la gravité du délit en soudoyant le policier. Dans les pénitenciers, les détenus fortunés peuvent voir leur peine allégée en achetant la complicité des gardiens et parfois même des juges.

Face à tout cela, la liberté de la presse se fait rare car elle est muselée par la corruption de hautes personnalités et des politiciens. D’un autre côté aussi il y a les organismes  censés lutter contre la corruption, mais malheureusement, ces organismes ont été impliqués dans des affaires de corruption.
La liberté sous toutes ses formes est impactée et entravée par la corruption. Les citoyens ne peuvent jouir de leur droit à cause des fonctionnaires corrompus. La liberté dans les réseaux sociaux tendent à ne plus exister à cause de la pression et du chantage de la politique en interdisant notamment certaines publications leur concernant.
La liberté de circuler dans tout le pays est devenue un défi à cause de l’insécurité constante. Insécurité due en grande partie à la corruption des forces de l’ordre et de l’armée.

C’est navrant de voir un si beau pays comme Madagascar sombrer dans une vague de corruption. Une vie décente et la liberté sont devenues un luxe que seule une minorité peut profiter. L’impunité des corrompus devient le fléau principal du pays. Durant les élections présidentielles, l’espoir renaît dans le cœur de la plupart des Malgaches, mais là aussi, la corruption règne. Un changement radical de la politique et de la mentalité est nécessaire pour sortir le pays de cette crise. Un changement ne relève pas du miracle mais d’une prise de conscience de chacun et de la volonté de ceux qui dirigent le pays.