Les Centres de Santé de Base (CSB)  à Madagascar ont été créés afin d’assurer à la population une proximité avec les services sanitaires de base à caractère préventif et curatif. Rappelons que le droit à un niveau de santé minimum est un droit universel  et est inscrit dans les accords internationaux, notamment avec la Déclaration universelle des droits de l’homme du 10 Décembre 1948. Ces centres sont subventionnés par l’Etat et des organismes non étatiques qui veulent apporter leur soutien à la couverture sanitaire du pays. En effet, 35% de la population vit à plus de 10km d’une formation sanitaire (Organisation Mondiale de la Santé), problème rencontré surtout en milieu rural.

Deux niveaux de CSB sont présents à Madagascar : les CSB 1 qui sont présents dans les quartiers et villages et dont le personnel est formé par des paramédicaux, et les CSB 2 qui opèrent au niveau des communes et districts et dont le personnel est formé par des médecins généralistes et des paramédicaux. Cet article expose particulièrement les pratiques quotidiennes qui se passent au niveau du CSB 2 d’Ankazolava Ambohitsoa, une banlieue au Sud du centre-ville d’Antananarivo.

Le centre a été créé en 2001 et s’occupe d’environ 60.000 personnes réparties dans 7 localités environnantes qu’on appelle « Fokontany ». C’est un dispensaire de premiers soins mais aussi une maternité où on peut faire consultation et vaccination. Le centre possède également un centre de nutrition. On peut y voir aussi chaque jour des personnels de santé qui font de la sensibilisation autour des thématiques des pratiques familiales essentielles commel’hygiène, la vaccination et le lavage des mains.

L’embranchement majeur du centre est la maternité. Le centre fait état d’environ 40 accouchements par mois avec 1 cas de décès tous les 2 mois. Les visiteurs sont constamment rappelés de l’importance majeure de la consultation prénatale pour le suivi de la grossesse jusqu’à l’accouchement. Suivant les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé en 2016, le nombre de consultation prénatale requis passe de 4 à 8. En effet, la fréquence des consultations prénatales influe beaucoup sur le nombre de décès lié à la mère ou à l’enfant. Plus ces consultations sont fréquentes et régulières, plus les médecins peuvent diagnostiquer l’état de santé de la mère ou les éventuelles malformations de l’enfant qui peuvent compliquer la naissance ou même conduire à un décès.

C’est dans ces lignes que l’on peut soutirer une des plus grandes importances des CSB pour les pays en voie de développement comme Madagascar, surtout dans le cadre de la naissance en soutien aux mères de famille et aux enfants. La consultation dans les hôpitaux est payante dans la plupart du temps et le rapport entre médecins et patients reste complexe du fait que dans la majorité des hôpitaux, la priorité est accordée à ceux qui peuvent payer les services et soins avec de l’argent. Or dans les CSB, un rapprochement direct entre les médecins et les patients est observé. Ce qui va permettre aux femmes qui vont accoucher d’être plus à l’aise surtout pour les jeunes mères qui sont encore en manque d’expériences et qui vont se confier plus facilement avec un médecin proche des gens. C’est parfois ce manque d’expérience qui fait peur à la jeunesse et pourrait provoquer un avortement à risque.

Les soins que l’on procure dans les CSB sont gratuits et tout le monde peut être pris en charge. A Madagascar où le PIB par habitant demeure l’un des plus faibles au monde (521 USD en 2021), les habitants préfèrent se ruer pour des services gratuits bien que précaires.

Malgré cela, à l’instar de la plupart des CSB du pays, l’infrastructure du CSB 2  d’Ankazolava Ambohitsoa a besoin de beaucoup d’améliorations que ce soit pour les vieux bâtiments ou les appareils de soin. Ce qui reste encore une des causes à la mortalité post-néonatale ou au décès de la mère à l’accouchement.

Mais également, les agents sanitaires et agents communautaires ne sont pas du tout motivés par leur travail que ce soit à cause du salaire ou des conditions de travail. Et cela n’est pas sans conséquence pour leur travail car bien que l’avortement est un crime puni par la loi à Madagascar, il y a des sages-femmes de ces centres de santé qui pratiquent illégalement l’avortement à l’extérieur afin d’arrondir leur fin de mois (Enquête faite sur des riverains).

En conclusion, il est nécessaire de continuer à subventionner les centres de santé de base, mais surtout de leur donner les infrastructures adéquates et y améliorer les conditions des travailleurs. De part l’aspect sanitaire des centres, il y a aussi l’aspect humain très présent et qui favorise le bon rapport entre soignant et soigné, une relation qui va mettre la jeunesse en confiance et peut-être va considérablement influencer sur une régression du taux de l’avortement à Madagascar.

Source : Informations recueillies à l’issue d’une enquête menée en Novembre 2022 auprès du Chef du CSB 2 Ankazolava Ambohitsoa, Docteur RAOILISON ANDRIAMAMPIONONA.